Publié le 06/03/2014

Jour de marché

Jour de marché

Propos recueillis par Rémy Dreano sur le marché Cours de Vincennes;

 

L’EARL* Martinet, une entreprise francilienne de maraîchage, officie sur les marchés depuis cinq générations. C’est ainsi qu’Eric, son patron, déploie son étal quatre fois par semaine, sur le cours de Vincennes, à la Bastille et à Saint Mandé (94).

*http://agriculture.gouv.fr/exploitation-agricole-a-responsabilite-limitee

Dans ce métier, on se lève tôt, le plus souvent vers quatre heures du matin.

Vers 5h, on termine le chargement du camion, un travail qui demande, outre un peu de muscle, de l’organisation et de la rigueur…il s'agit de ne rien oublier et surtout pas la balance principale.

Sitôt arrivé sur le marché un peu avant 7h, commence le rituel du petit express offert par le patron.

Sans temps mort, on s’affaire à l’installation des tréteaux et à la mise à l’étal des fruits et légumes. Un travail méticuleux auquel le personnel attache une grande importance, car un bel étal, c’est le plaisir de l’oeil mais aussi, la promesse d’une bonne recette.

Aujourd’hui, une dizaine de petites mains s’activent dans une ambiance détendue et joyeuse. Une bonne odeur de café flotte autour de l’étal, un client est venu ce matin offrir le café, une marque d'affection pour un personnel qu’il trouve “adorable".

“Je suis client ici depuis quarante ans, j’ai même connu son père !”  précise l'homme à l'endroit du patron.

“Il y en a même qui ont connu le cheval du grand-père Martinet, qui venait à son époque en cariole depuis Périgny” reprend Cristina, vendeuse d’origine portugaise, comme elle tient à le souligner.

"Nous proposons ici la plupart des produits qui poussent dans nos champs, sauf quelques fruits comme ces poires. Il m'arrive de travailler parfois sur l’exploitation qui se trouve à Périgny sur Yerres dans le 94".

Cristina a été embauchée il y a quatre ans, en CDI. “ce que j’aime dans mon métier, c’est de parler aux gens et la relation c’est essentiel”.

“et le patron est sympa…sinon on ne serait pas là !” renchérit Mariana, souriante vendeuse d’origine bulgare qui n'a pas la langue dans sa poche et qui affiche volontiers son diplôme de guide touristique...qu'elle n'a pas vraiment pu valoriser en France.

Pour autant, Mariana vit la situation sans amertume et comme elle dit “ Parler cinq langues, c'est utile avec tous les touristes qui passent sur les marchés parisiens".

S’exprimant dans un français parfait avec une légère pointe d’accent, Mariana tient à exprimer son ressenti  "Notre métier oblige à se lever tôt et vous, les français, vous êtes bien trop chanceux... On n’en voit pas beaucoup de vos jeunes prêts à travailler ici".

Tout en mettant la dernière touche à son étal, elle poursuit  “Notre métier est varié, il est fait de moments que l’on ne soupçonne pas toujours. Nous sommes témoins de la vie des gens, des mariages comme des naissances. Nous avons des clients très âgés, comme cette dame de 96 ans... et pour elle, venir au marché, c’est un des rares moments de la semaine où elle peut papoter et voir du monde. Alors, quand un client ne vient plus sur le marché, nous on s’inquiète.”

Le soleil commence à darder ses premiers rayons, mais c’est sous une fraîcheur encore acceptable que les vendeuses se préparent - sourire au clair - à accueillir les premiers clients. “l’hiver, on est congelé… mais aussi c’est ce qui nous fait paraître plus jeune !” s’amuse Mariana.

“D’ailleurs, si on ne rigole pas ici, le client n’est pas content !” reprend Cristina.

Une clientèle de fidèles qui apprécie autant la bonne humeur qui règne autour de l’étal que la qualité et la fraîcheur des produits issus d'agriculture raisonnée, traitements phytosanaires parcimonieux garantis par le patron…

La journée de Cristina et Mariana se terminera un peu avant 16h. Cristina réside elle sur l’exploitation, elle repartira donc en camion. Après, c’est une autre journée qui commence, la petite à récupérer à l'école, le repas du soir à préparer...

L’activité de maraîchage manque de bras, autant pour travailler dans les champs que pour vendre sur les marchés. De l'avis du vétéran de l’équipe, 6.000 emplois seraient à pourvoir actuellement dans l'activité de maraîchage, tout compris.

Sur l’exploitation de Perigny, la main d’oeuvre et essentiellement portugaise et bulgare et particulièrement familiale aussi…